Les affiches publicitaires des organisations caritatives sont placardées
dans les rues de Suisse. La plupart reproduisent le
de l’étranger nécessiteux d’un pays du Sud global, qu’il s’agit d’aider
en faisant un don d’argent. Les images jouent avec l’émotion et
suggèrent des associations d’idées, en évoquant par exemple un état «
antérieur à la civilisation » (simple hutte de terre, vêtements usagés).
Ces images influent sur la manière dont on perçoit l’« étranger » et
dont on conçoit sa propre identité. Même si les organisations qui mènent
ces campagnes n’ont pas consciemment de motivations racistes,
l’utilisation de ces images renforce l’idée de la supériorité de
l’Europe blanche sur les pays du
En 2016, une campagne de communication de l’organisation caritative
Helvetas fit polémique. Les affiches représentaient les visages
de trois personnes de trois générations différentes, censées suggérer
une victoire dans la lutte contre la pauvreté. Sur l’affiche, on lisait
trois phrases : « se cachait dans les buissons », pouvait-on lire sous
le visage de la grand-mère, « allait aux latrines » sous celui de la
mère, « tire la chasse d’eau » sous celui de la fille. Cette histoire et
d’autres du même style devaient amener le public à faire un don pour de
« véritables changements ». Martine Brunschwig Graf, présidente de la
Commission fédérale contre le racisme, déclara à ce propos dans un
journal dominical alémanique,
Schweiz am Sonntag : « Ce n’est
pas une bonne campagne. Les images laissent penser que les Africain·ne·s
ne peuvent se développer qu’à l’aide des pays du Nord. Cette vision est
paternaliste ».
Helvetas défendit sa campagne face au journal,
arguant que les personnes noir·es figurant sur les affiches n’étaient
pas représentées comme des individus sous-développés, bien au contraire.
« Les affiches racontent l’histoire d’êtres humains dignes et confiants
dans leurs capacités, qui se retournent sur les progrès accomplis et
regardent fièrement vers l’avenir. Nous regrettons que quiconque ait pu
se sentir blessé·e par ces images. » La campagne se poursuit encore
En 2019, Helvetas a portraituré des familles de Bolivie et
d’Éthiopie..